"A generous and elevated mind is distinguished by nothing more certainly than an eminent degree of curiosity, nor is that curiosity ever more agreeably or usefully employed, than in examining the laws and customs of foreign nations." (Samuel Johnson)

jeudi 22 septembre 2011

Aspects terminologiques de l'affaire DSK

Rue89 propose sur son site une traduction du rapport du procureur demandant l'abandon des poursuites :

http://www.rue89.com/2011/08/23/abandon-des-poursuites-contre-dsk-le-document-en-francais-218883

L'effort est louable et la traduction plutôt de qualité mais du fait de la participation de plusieurs traducteurs au projet, certains passages laissent à désirer. "Safe examinateur", par exemple, semble être le fruit d'une traduction automatique. Un "Safe", pour Sexual Assault Forensic Examiner, est en fait un expert médico-légal spécialisé dans les agressions sexuelles. Les autres traductions proposées dans le texte ne sont guère meilleures : "experte certifiée Safe" (?), "Le rapport du Sexual Assault Forsenic (sic) Examiner (Safe, examinateur assermenté médico-légal des agressions sexuelles)..." .

Sur le site du Figaro, on trouve une traduction de la plainte au civil : voici l'original, http://www.lefigaro.fr/assets/pdf/plainte-au-civil-nafissatou-diallo.pdf, et sa traduction, http://www.lefigaro.fr/assets/pdf/plainte-dsk-civil-traduction.pdf.

Là encore, l'effort est louable mais un survol rapide de la traduction permet d'en constater la grande médiocrité. Morceaux choisis : "Cette Cour a juridiction personnelle sur le Défendeur Strauss-Kahn" ; "Le procès aura bien lieu dans ce comté ..." (!) pour traduire "Venue is proper in this county", qui signifie plutôt "l'affaire est du ressort de ce comté", ou "ce comté est compétent en l'espèce..." ; "plaignante" pour traduire "plaintiff" alors qu'il s'agit d'une procédure civile ; "qui excède toutes les limites juridictionnelles des basses instances" pour "which exceeds the jurisdictional limits of all lower courts" ; "toute autre perte fiduciaire" pour "all other monetary losses" (pertes pécuniaires/financières), etc.

Même les notes de bas de page, qui sont normalement censées éclairer la traduction, sont à côté de la plaque : "diversity jurisdiction" ne désigne pas un type de juridiction mais un type de compétence (compétence interétatique en cas de litige opposant des citoyens d'Etats différents).

Indépendamment de ces tentatives plus ou moins heureuses de traduction, d'autres observateurs se proposent d'éclairer certains points terminologiques à l'occasion de l'affaire. Maitre Eolas propose ainsi sur son blog deux billets très intéressants qui fournissent de précieux éclairages sur l'affaire sous un angle à la fois juridique et terminologique : voir
http://www.maitre-eolas.fr/post/2011/05/16/De-quelques-aspects-juridiques-de-l-affaire-DSK et http://www.maitre-eolas.fr/post/2011/08/09/Affaire-DSK-%3A-pourquoi-une-plainte-au-civil.

Sur le site des Echos, Jacques-Henri Robert entreprend pour sa part de décortiquer le lexique juridique de l'affaire DSK : http://www.lesechos.fr/competences/droit-finance/0201650259101-le-lexique-juridique-de-l-affaire-dsk-222704.php. Robert y explique notamment que les termes de "non-lieu" et de "classement sans suite" ne sont pas corrects dans le contexte de la procédure américaine du fait de l'absence dans celle-ci de juge d'instruction, avant de conclure, "la transposition la moins approximative est donc « abandon » ou « extinction » des poursuites (« dismissed » en anglais)".



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