La Germanic Society for Forensic Linguistics (GSFL) organise, au mois d'août prochain, son colloque annuel à Copenhague (http://germanicsocietyforensiclinguistics.org/roundtable/call-for-abstracts/).
La forensic linguistics - « linguistique légale » ou « linguistique judiciaire » - est souvent confondue avec la traduction juridique. Cette confusion s'explique en partie par le flou entretenu autour de la nature exacte de cette discipline. Ainsi, le descriptif figurant sur la quatrième de couverture de Forensic Linguistics, ouvrage de référence de John Gibbons (2003), peut faire naître un doute sur le contenu de ce dernier : « Forensic Linguistics is an introduction to the fascinating interface between language and the law. Examining the nature of legal language, the first half of the book demonstrates that the law is an overwhelmingly linguistic institution (...). The book also explores the language of contracts and the language of legal processes, such as court cases, police investigations and the management of prisoners ». Seul le dernier thème (passage en italiques) relève à proprement parler de la forensic linguistics, le reste (language of contracts notamment) relevant de la thématique plus large de la jurilinguistique (language and law). Le sous-titre qui figure sur la couverture - « An Introduction to Language in the Justice System » - donne une définition plus exacte de ce qu'est la forensic linguistics mais entretient la confusion avec les indications fournies en quatrième de couverture.
Selon Termium, la « linguistique légale » s'entend de la « branche de la linguistique qui applique dans le domaine de la justice des techniques linguistiques et phonétiques pour l'analyse de preuves devant les tribunaux ». Toujours selon Termium, « linguistique judiciaire » constitue la traduction correcte de forensic linguistics et le terme « linguistique légale » est à proscrire pour la raison suivante : « légal : Lorsque cet adjectif est apposé à un terme désignant une discipline, par exemple, médecine légale (...), cela signifie que les activités effectuées dans le cadre de cette discipline sont prescrites par la loi. Ainsi, le terme «linguistique légale» est à éviter puisque les activités dans cette discipline ne sont pas prescrites par la loi. » (www.btb.termiumplus.gc.ca). En dépit de cette prescription, le terme « linguistique légale » semble l'emporter dans la pratique (voir par exemple le titre du n°132 de Langage & société (juin 2010) : « Linguistique légale et demande sociale : les linguistes au tribunal » ; voir également l'« École d’été internationale en linguistique légale », co-organisée par l'Université Savoie Mont Blanc et l'Université du Québec à Trois-Rivières).
Selon Termium, la « linguistique légale » s'entend de la « branche de la linguistique qui applique dans le domaine de la justice des techniques linguistiques et phonétiques pour l'analyse de preuves devant les tribunaux ». Toujours selon Termium, « linguistique judiciaire » constitue la traduction correcte de forensic linguistics et le terme « linguistique légale » est à proscrire pour la raison suivante : « légal : Lorsque cet adjectif est apposé à un terme désignant une discipline, par exemple, médecine légale (...), cela signifie que les activités effectuées dans le cadre de cette discipline sont prescrites par la loi. Ainsi, le terme «linguistique légale» est à éviter puisque les activités dans cette discipline ne sont pas prescrites par la loi. » (www.btb.termiumplus.gc.ca). En dépit de cette prescription, le terme « linguistique légale » semble l'emporter dans la pratique (voir par exemple le titre du n°132 de Langage & société (juin 2010) : « Linguistique légale et demande sociale : les linguistes au tribunal » ; voir également l'« École d’été internationale en linguistique légale », co-organisée par l'Université Savoie Mont Blanc et l'Université du Québec à Trois-Rivières).
Les problématiques relevant de la « linguistique légale/judiciaire » sont extrêmement variées. Pour s'en convaincre, il suffit de citer le titre de quelques-unes des communications qui seront présentées lors du colloque de Copenhague : « Court Interpreting and Pragmatics: A Quest for Accuracy" (Bente Jacobsen) ; « Communicative Dilemmas in Police Interviews of Adult Witnesses: A Discourse Analytic Approach to Investigative Interviewing » (Marit Olave Riis-Johansen) ; « Will Your Voice be Heard? Exploring Representations, Constructs, and Recontextualization During Emergency Calls to the Police » (Joanne Taylor). Les nombreux thèmes énumérés dans l'appel à communications donnent une idée plus précise encore du domaine très vaste que constitue la forensic linguistics. Citons seulement ces quelques exemples : « corpus analysis of forensic texts (e.g. confessions, courtroom transcripts, police protocols, suicide letters, threatening letters, hate mail, extortion letters, terrorist threats); author comparison, identification, and verification; plagiarism and deception detection; (...) courtroom interpreting and translating; (...) multilingualism and the legal system; language minorities and the law; legal discourse and legal text analysis; investigative interviewing and/or interrogative practices; legal policies on presenting expert testimony and evidence (...). »
J'avais assisté, il y a une dizaine d'années, dans le cadre d'une conférence sur la traduction juridique organisée à Poznan, en Pologne, à une communication sur l'analyse de la parole des enfants dans le contexte des procédures judiciaires. Cet exposé m'avait beaucoup plu et le colloque de la GFSL me semble une bonne occasion de découvrir d'autres facettes de la « linguistique légale », discipline encore largement - et injustement - méconnue.
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